Ce four, respectant les paramètres du four de type rectangulaire du Moyen Age est le résultat de plusieurs années de travail, d’expérimentations poussées par la passion, l’envie de savoir et la curiosité, mais aussi l’envie d’améliorer la qualité de notre travail – la réalisation de répliques de verrerie du passé. Néanmoins, si le four respecte effectivement des paramètres du passé, nous ne pouvons éviter d’utiliser quelques instruments modernes (sondes relevant la température) afin de garantir la sécurité et des conditions optimales de déroulement des activités. Il faut également tenir compte du fait que la réactivation d’une verrerie du Moyen Age est une entreprise assez onéreuse. Pour exemple : l’assèchement de l’ensemble de la construction dure environ 2 mois ; l’allumage, le réchauffement et la cuisson environ 50 heures, la consommation de bois (noisetier, saule et fur) est alors de 25 à 27 mètres cubes. Le diamètre moyen des bûches varie de 1 à 15 cm.

FOUR DU MOYEN-AGE

La matière première est préparée par nous-mêmes, après avoir décortiqué les sources disponibles, et comme pour le four le chemin était pour cela aussi assez ardu : Schedula diversarum Artium (traité de divers Arts), du moine bénédictin Théophile, XIème-XIIème s. Il s’agit du premier manuel technique rédigé en Occident, probablement en Allemagne, et réputé comme étant une source fiable, et il nous a pourtant réservé pas mal de surprises. Pour faire du verre, Théophile préconisait un mélange composé aux deux tiers de cendres végétales, matière à prépondérance potassique, et un tiers de sable de rivière, matière à forte teneur en silice. Mais le manque de silice rend le verre fragile, les composants alcalins du verre se dissolvent au contact de l’eau et l’humidité, et en se combinant avec divers agents contenus dans l’air, ils forment une couche de corrosion (une oxydation très rapide). De toute évidence ce n’était pas le mélange utilisé pour réaliser la magnifique verrerie que l’on peut toujours admirer dans les vitrines des musées.